Nous n’existons que par incertitude. Entre deux flots. Notre présence au monde se résume aux battements éternels des portes du métro. La débauche nous a débauché la vie, et il n’y a plus que des rues vides tout autour de nos incertitudes. Appartements petits, avenirs étroits. Des néons, des kebabs, des pipes à crack. Tristesse sur le rebord d’une overdose : le lointain qui clignote de sa publicité, petitement, avec ses diodes électroluminescentes pour abattre sur nous ce même visage, de plastique et de commerce, plus blanc que la nuit. Peu de lueurs sous l’averse acide. Nous ne sommes presque plus. Nous sommes une incarnation de la pluie. Une parmi d’autres. Grisaille silencieuse d’un petit matin d’avril : il pleut toujours au-dessus de la friche industrielle de nos souvenirs.